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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 20:07

De l’intemporalité du blues

 

 

            Le réveil fou en avait vu passer des choses.

 

Il avait vu la ville.

Il avait vu la campagne.

Il avait vu le dieu fou sur les trottoirs ou sous les arbres faire le chien pour un chat.

Il avait vu le Camion sur la route.

Dominique dans ses ascenseurs de printemps.

Les autres Dominique aux sentiers en fleurs et aux marches qui montaient.

Les ornières qui prenaient les œillères pour des rétroviseurs.

Les pneus qui laissaient les virages au fossé, les demi-tours à la marche arrière, le chemin de traverse à la crise de foie, l’hallucination au coléoptère, le têtard à la grenouille et les ouïes au Camion.

 

Il avait vu les pâquerettes qui mordaient les sacs de couchage.

Les vaches qui léchaient la campagne.

L’herbe qui regardait les vaches.

Les nuages qui se demandaient par qui ils se feraient manger, la pluie ou le soleil.

Il avait vu le sel qui accompagnait le crépuscule du steak.

L’escalier qui descendait à l’aube.

La gare qui s’arrêtait près du chenil et sifflait les serveuses et les boîtes aux lettres qui n’étaient pas encore arrivées.

Les capsules sauter les barrières de l’incompréhension de la côte de mouton envers le garagiste fermé et la dépanneuse altière.

Les lampadaires espions se syndicaliser aux PTT.

Les stationnements inquiets sous le regard noir de goudrons domestiques et de piétons assauvagis par les bandes jaunes qui écument les carrefours et les camions romantiques.

Le froid à lunettes qui s’enrhumait les branches quand le brouillard se ramassait à la cuillère et se coupait de tout.

Le sinus oblique, la branchie à tire d’aile remontant le boulevard jusqu’à l’hanneton et le pigeon qui n’a rien suspendu.

Le point mort du couteau, le cran d’arrêt du créneau, le pont des fêtes, la neige qui avait perdu Noël dans la doublure de son manteau.

Les poches qui manifestaient pour les droits des linceuls.

Le verglas qui s’était cassé une jambe en voulant prendre la route.

Le Camion qui dégela l’hiver.

Le dieu fou qui voulut s’en prendre à Eve.

Dominique qui s’en prit à Adam.

Le printemps téter Vivaldi par la racine.

Le bordel qui en résulta quand le feu rouge fut bleu et l’humanité bien cuite.

La dernière pomme à partager.

Le caramel qui n’était plus sur la pomme.

La chute du caramel sur les pieds de son ami le temps.

 

            Il avait sûrement vu passer autre chose.

            Et pourtant le réveil fou était triste.

 

            Il n’avait jamais vu passer l’amour.

Fin
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