A la gare
Le Camion s’étranglait les cervicales avant !
Foin de pléonasme, il n’avait aucun doute là-dessus !
Le coût du lapin aurait pu être plus élevé que le trottoir de droite, la fulgurance de la paralysie aurait été assurément la même.
Et encore parce que ça aurait pas pu être pire !
Le Camion était parqué ! oui, parqué ! comme un animal domestique dans un de ces lieux où l’abandon des camions était autorisé.
Même si l’abandon était provisoire et même s’il fallait payer, c’était ignominieux !
Un parking de gare… ! pourquoi pas le chenil, tant qu’il y était.
Le dieu fou l’avait planté là et avait couru comme un ignoble vers la sortie la plus proche – que ne pouvait-elle être la plus éloignée !...
Une gare – pas routière – le Camion savait ce que cela voulait dire : un train électrique avec des wagons et des rails, et les enfants s’amusent.
Ils se font des chatouilles dans les tunnels, se frottent dans les virages, font semblant de rien dans les côtes et s’enlacent dans les descentes.
Quel dégoût ! Le Camion imaginait sa route avec des voies d’un conformisme pareil, et qui réprimanderaient ceux qui se font des chatouilles dans les côtes, se frottent dans les descentes, s’enlacent dans les virages et qui ne voudraient pas fermer les yeux sur ce qu’ils se font dans les tunnels !
Il en était là de son dégoût quand le dieu fou revint enlacé par…Dominique ?...
Le Camion comprenait maintenant le pourquoi de la gare : Dominique y avait laissé l’arrière-train.
Mais il ne comprenait pas pourquoi Dominique ne s’appelait plus Dominique, ni pourquoi elle était aussi ici.