Jour d'automne
La campagne était belle, pleine de collines, d’herbes, de vaches et de pluie.
Il y avait aussi des nuages au-dessus de la campagne.
Des nuages qui n’auraient pas trompé un daltonien vu leur gris profond bien soutenu par les cordes qui s’en échappaient.
Et le soleil aussi était au-dessus des nuages, mais là on ne le voyait pas.
Tout ça était très beau.
Et le Camion se demandait ce qu’il foutait dans un pareil pays.
C’était de sa part une question qui, en soi, se justifiait d’elle-même !...
A savoir : laquelle des énigmatiques voies ascendantes – habituellement au service du destin – allait choisir le dieu fou pour vérifier que la folie était toujours bel et bien en marche ?!
A gauche une falaise – qui monte –, à droite un ravin – qui descend –, tout droit : un virage…
C’était de plus en plus impénétrable ! – sinon imperméable à l’humidité qui s’infiltrait peu à peu dans les rouages du Camion.
Au bout d’un moment et de la dernière côte, le soleil était sûrement là mais on ne le voyait toujours pas.
Les nuages si ! mais plus bas, la pluie aussi ! mais pas plus bas.
La route descendait, la falaise était à droite, le ravin à gauche et les virages en face…
La monotonie se trouvait dans l’obligation de se répéter sous couvert d’une soupe au brouillard où les légumes pas encore morts se gèlent les fanes et où la cuillère est à couper au couteau.
Ca commençait à sentir bon le repas de la veille.
Au bout d’un autre moment et d’un des avant-derniers virages, le dieu fou voulut s’arrêter et le fit.
Dominique avait-elle déménagé ?... !?
Le Camion n’a jamais su ce qu’il foutait dans un pays pareil.