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10 mars 2008 1 10 /03 /mars /2008 11:24

On peut venir ?


            La route avait ce soir-là, le macadam soigné des grandes sorties – maquillage rehaussé à droite et au milieu par le fondu gris perle noire du goudron.

            Elle révélait, sous le phare attentif du Camion, d’insoupçonnables ressources quant aux chemins qu’elle pouvait emprunter sur les voies – parfois pénétrables – de la séduction.

            Le Camion était inquiet :

            « Qu’est-ce qu’elle va encore me demander ? » se disait-il avec une circonspection qu’il n’avait acquise que depuis un certain temps (c’était lors d’une nuit mal signalée entre le mois de mai et l’aurore, la route lui avait demandé d’aller chercher Dominique qui se trouvait à cette époque dans sa baignoire, et la baignoire, elle était loin. Surtout que quand il était arrivé dans cette baignoire, elle lui ressemblait beaucoup à Dominique – pas la baignoire, Dominique ! – mais c’était pas Dominique qu’il y avait dedans !)

            Le Camion se disait donc :

            « Qu’est-ce qu’elle va encore me demander ? » et tâtait le terrain d’un pneu certes circonspect mais malgré tout intéressé, parce qu’en fait le coup de la baignoire où il n’y avait pas Dominique l’avait beaucoup amusé et que ce serait à recommencer, il aimerait bien vérifier si c’était pas non plus Dominique. D’autant que ce serait rigolo aussi si c’était Dominique. Il est vrai que le Camion aimait bien Dominique. Et puis elle lui donnait l’occasion de se moquer du réveil fou qui avait le mal de mer quand le dieu fou l’aimait vraiment – à Dominique ! – même si le réveil fou avait quand même le mal de mer quand c’était pas Dominique.

            De toute façon à cet instant, le réveil fou se reposait, le dieu fou – quitte à être égal à lui-même – se ressemblait et la route conduisait le Camion vers une destination de plus en plus inconnue de tous…

            C’est alors que, aussi délicieusement qu’il est permis à un instant d’être délicieux, le Camion s’arrêta, le dieu fou aussi, le réveil fou ne put faire autrement puisqu’il avait déjà commencé avant, et la route, mystère de la destinée à la croisée des chemins, s’enfonça dans la nuit la plus douce, la plus tendre et de la plus énigmatique façon connue de mémoire de route.

                            (...suite )


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