Le dieu fou n’était peut-être pas aussi fou que ça
Le Camion sentait le dieu fou tapi à l’arrière, recroquevillé de la tête, le sourcil crispé sur une paupière écrue arquée comme un cierge creux contre un œil intérieur qui cahin-caha le poursuivait depuis le berceau.
Le tombeau ne pouvait pas être plus près.
Les larmes déjà taries par la fièvre au regard enchevêtré froid, les tympans tonnant des galops au pouls happé par la phtisie de l’âme, le dieu fou s’en serait remis à un saint autiste – judas écartelé net sur le billot vain de la raison.
La nausée lui chassait les yeux jusqu’aux poils des oreilles enfonçant par là le moindre cri du clou sauvagement frappé sur sa tête et qui se tord sur la pierre du calvaire ou sur l’acier de la lucidité par qui sifflent les serments reniés, des salives prédatrices et dissonantes, arythmées de cuivre incohérents aux sucs incréés d’où sourd une tétanie vagabonde, tâtonnante de crampes en crampes au fil des nerfs, aigres remugles en vol de scalpels incisant vifs le jour en une nuit collée à la plèvre de l’angoisse moite et verte pompant le poumon et sa tumeur vers les pores dilatés de la gorge garrottée par ses propres cordes vocales, phosphènes aphones des fureurs tues, contractions torves sur fond d’agonie chronique où la couche maigre du sommeil est un lit de gravier à l’écoulement ambigu, sournois.
Quand Dominique, qui voulait changer les idées au dieu fou, lui demanda : « Tu viens ? »
Il dit : « Oui. »